Et pendant ce temps....

Et pendant que nous festoyions pour le réveillon, une partie de notre continent a (encore) sombré dans la tragédie. J'ai passé la journée rivée sur la BBC, et sur les blogs kenyans. Tout ceci est pour le moins surréaliste, le Kenya naguère présenté comme un havre de stabilité a basculé depuis quelques jours dans des troubles dont nul ne peut prédire la fin. Les 2 protagonistes, le président sortant Mwai Kibaki et le leader de l'opposition Raila Odinga campent sur des positions intenables pour la paix. Leur myopie politique et leurs égos surdimmensionnés viennent de coûter la vie à plusieurs de leurs compatriotes au cours des dernières 48h

Cette élection laissera indubitablement une trace indélébile dans la mémoire des Kenyans. J'aurais aimé que cette élection soit un non événement mis à part le fait qu'elle aie été fort disputée, mais les relents de tensions ethniques sont venus corser un cocktail politique explosif où l'on retrouve pêle-mêle ambitions et soif de pouvoir démesurées, népotisme et corruption. C'est triste et c'est un beau gâchis.

Vienne le jour où les élections pourront non seulement se tenir librement, mais où les participants sauront accepter le verdict des urnes, quel qu'il soit. Ce jour ne s'est visiblement pas encore levé sur le Kenya, au delà de la débâcle électorale, c'est le drame de l'Afrique qui se joue devant nos yeux impuissants...



Commentaires

Anonyme a dit…
Comme on dit, "quand les éléphants se battent, c'est l'herbe qui perit".
Donc pour l'instant, les gros ont leur intéret politique, et pendant ce temps, les populations civiles meurent dans les deux camps respectifs.

Vous auriez pu préciser que l'on parle déjà, en à peine un week-end, de centaines de morts.

Je voyais des scènes de "No comment" de Euronews, la hargne, l'enthousiasme, la jubilation que les uns mettaient à détruire les propriétés et vies de leur voisin paisible et ami d'hier.

Et dire que le Rwanda et le Burundi ne sont pas si loin, ni géographiquement, ni culturellement, etc.
Anonyme a dit…
Je pense définitivement qu'il n'y aura jamais de démocratie en Afrique sans traitement de fond de la question ethnique une bonne fois pour toutes.

J'aurais aimé dire que cette question est secondaire, mais les faits et leurs consquences incitent à penser que le contexte politico-tribal n'est pas le même qu'ailleurs.

"Accepter le verdict des urnes" en effet, quand on arrive à le connaître avec suffisamment de confiance.
J'accuse Kibaki et la commission électorale de Kivuiti d'être à l'origine de ce chaos.
Les choses ont commencé dès l'annonce de la cessation de toute publication des résultats partiels alors que Raila Odinga était en tête.
Les tensions étaient déjà présentes, et l'annonce d'un verdict désormais contesté par les membres même de la commission électorale a déclenché les violences.

Donc, quand on ressort d'un black-out sur les résultats partiels, pour dire qu'on a finalement gagné, et qu'on prête serment dans la foulée, il y'a anguille sous roche.
Et c'est inacceptable pour un pays de vivre comme ça. Ce n'est pas celui qui prête le plus rapidement serment qui gagne en prétextant la paix sociale.

Après, quand "les fauves sont lachés", il est difficile de les arrêter. Au début, même les appels au calme lancés par Odinga n'ont pas été suivis par ses propres partisans.
Il n'y avait qu'un pas pour eux pour voir la main basse des Kikuyus sur le pouvoir kenyan (un peu comme le cas burundais).

Je pense que désormais, la question ethnique ne doit plus être éludée de la pratique démocratique en Afrique.
Je me fiche de savoir comment font les américains, les français ou les canadiens, ou quelle est la théorie démocratique, mais l'omission de ce contexte particulier de sentiment d'appartenance à un peuple particluer, avant l'appartenance à un pays génère trop de milliers de morts en Afrique chaque année (Libéria, Sierra Leone, Burundi, Rwanda, Nigéria, Congo, Zimbabwé, Côte d'ivoire, etc..).
Toutes ces guerres ont des relents ethniques sur fond de partage de pouvoir.

Il va peut-être falloir le partager ce putain de pouvoir, si on veut éviter la peur générale à chaque élection.
Déjà que l'élection de Zuma en Afrique du Sud avait des traces de luttes entre Xhosa (moins nombreux, dont sont issus Mandela et Mbeki) et Zulus (dont est issu Zuma).
Tant que l'apartheid était la cause commune, il y avait front. Mais qui peut prédire l'avenir ?

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